Situation du parc nucléaire en Belgique

La fin de l’année 2015 a été marquée par une grande médiatisation du parc nucléaire en Belgique. Divers évènements, dans un contexte de redémarrages de 4 unités, ont été commentés et interprétés de façon incorrecte.
08/01/2016

Aussi, pour vous permettre de réconcilier réalité et perception, vous trouverez ci-dessous les faits objectifs qui caractérisent le parc nucléaire d’Electrabel, sa disponibilité et les éléments en matière de transparence.

Disponibilité du parc nucléaire belge

La disponibilité du parc nucléaire belge a été élevée et stable au cours des 12 dernières années. Cette disponibilité oscille entre 82 et 90% en fonction des unités ; avec une moyenne de l’ordre de 86%.

Pour 2015, plusieurs éléments de natures très différentes et indépendants des questions de sûreté nucléaire ont touché le parc belge :

  • Doel 1 arrêtée le 15 février 2015 conformément à la loi en vigueur à l’époque (arrêt de l’unité à ses 40 ans) ;
  • Doel 3 et Tihange 2 arrêtées d’initiative par Electrabel pour procéder à tous les tests et analyses sur les cuves. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) a estimé le 17 novembre dernier « qu’Electrabel avait démontré de façon convaincante l’intégrité structurelle des deux cuves » ;
  • Doel 2 mise à l’arrêt pendant l’automne à la demande des autorités pour être disponible pendant l’hiver (décision antérieure à l’accord de prolongation de Doel 1 et Doel 2) ;
  • Tihange 1 à l’arrêt pendant l’été 2015 pour effectuer les travaux liés à la prolongation de 10 ans de l’unité décidée sous le Gouvernement précédent.

Au regard de la façon objective dont se calcule la disponibilité du parc, c’est-à-dire sans Doel 3 et Tihange 2, notre parc a eu un taux de disponibilité de 78% en 2015.

À noter que les unités de Doel 1 et Doel 2, qui vont être prolongées, ont des taux de disponibilité historique de quelque 90% et figurent parmi les centrales les plus fiables au monde.

Arrêts automatiques

Le processus d’arrêt automatique (ou « SCRAM ») est une mesure de sûreté, prévue dans la conception même de la centrale, et qui lui permet de se mettre à l’arrêt pour éviter qu’une anomalie de fonctionnement n’enclenche un processus de détérioration.

Le nombre d’arrêts automatiques de centrales nucléaires est très limité dans le parc belge : 4 en 2015. Or, le nombre de « scrams » (arrêts automatiques) est de 1,1 par unité en moyenne annuelle sur les 16 dernières années.

Anomalies

L’échelle INES (« International Nuclear Event Scale ») sert à mesurer la gravité d’un événement nucléaire. Le niveau 0 (zéro) constitue un « écart » ; le niveau 7, le plus grave, un « accident majeur ». Sous réserve des valeurs non finalisées de 2015, tant le nombre d’événements INES 0 que celui INES 1 sont en diminution constante depuis 2004. Qui plus est, proportionnellement, la quote-part des événements INES 0 a tendance à s’accroître par rapport au nombre total d’événements. Ces éléments dénoncent les informations reportées actuellement par certains médias et politiques.

Même si les comparaisons doivent toujours être nuancées, car les technologies diffèrent, de 2010 à 2014 (source ASN, l’Autorité de sûreté nucléaire française), la France a enregistré une moyenne annuelle de 967 événements INES pour 58 réacteurs en exploitation, soit près de 17 événements par an par réacteur. Durant la même période, la Belgique a connu une moyenne annuelle de 33 événements pour 7 réacteurs, soit près de 5 événements par an par réacteur.

Transparence

Le règlement européen REMIT (« Regulation on wholesale Market Integrity and Transparency ») impose aux acteurs de communiquer vers le marché, dans un souci de transparence, tout écart de production de plus de 100 mégawatts. Tout arrêt programmé ou non d’une centrale classique ou nucléaire du parc d’ENGIE Electrabel en Europe est directement renseigné sur le site transparency.engie.com. La publication sur ce site entraîne la diffusion de dépêche par les agences de presse (Bloomberg reprise par Belga en Belgique).

Le problème qui se fait sentir aujourd’hui est que cette publication à portée financière et de respect des règles de concurrence est interprétée erronément par certains médias comme un « indicateur d’efficacité » d’une partie du parc de production.

Or, les bulletins de transparence que nous publions ne disent rien, pris séparément, sur la santé de notre parc de production. L’efficacité du parc de production se mesurant (comme expliqué ci-avant) sur une année par le taux de disponibilité. Il y a là une interprétation médiatique qui induit malheureusement le citoyen en erreur et qui n’existait pas avant cette obligation de publication en 2011.

Réactions internationales

Les médias ont fait état « d’inquiétude au niveau internationale » sur l’état de nos centrales, notamment de la part de la commune de Bergen op Zoom aux Pays-Bas. Electrabel accorde une attention toute particulière aux demandes d’informations, notamment des autorités voisines, qui sont formulées et aucune demande ne reste sans réponse.

Rappelons encore :

  • que les Pays-Bas ont prolongé de 20 ans leur centrale nucléaire de Borssele située à la frontière belge (1973-2034). Dans ce cadre, aucune consultation internationale environnementale n’a été effectuée. Rappelons aussi que près de 200 communes (en ce compris la médiatique commune de Bergen op Zoom) et 6 provinces sont actionnaires de la centrale de Borssele ;
  • que 9 centrales nucléaires sont encore en activité en Allemagne jusqu’en 2022-2023 (contre 7 en Belgique). Le nucléaire allemand, qui a fermé en partie, a, lui, largement été compensé par le charbon et le lignite (avec à la clé une augmentation des émissions de CO2).

Notons enfin que les évènements de ces dernières semaines qui ont été largement commentés dans les médias sont survenus dans les parties non nucléaires de nos centrales ; que les redémarrages sont des moments clé pendant lesquels justement, nos équipes estiment que des composants doivent être remplacés ou certaines opérations réalisées ; qu’en aucune façon, la sûreté des personnes, à l’intérieur comme à l’extérieur des sites, n’a été mise en cause.

Ces éléments objectifs qui visent à réconcilier perception et réalité ne doivent d’aucune façon être compris comme une façon pour Electrabel et ses équipes de se dédouaner de ses responsabilités. La sûreté nucléaire est au centre de l’action de chacun de nos collaborateurs. Le respect des règles et des normes de sûreté relève d’une responsabilité collective à laquelle personne ne peut se soustraire en Electrabel. La sûreté s’impose comme notre priorité absolue.