Le déclassement des centrales de Doel et Tihange : un nouveau défi industriel en toute sûreté

Le déclassement représente un trés grand projet industriel et environnemental en Belgique. En tant qu’exploitant nucléaire, notre responsabilité est de le réaliser de manière sûre, humaine et respectueuse de l’environnement.

 

L’objectif du déclassement est double : évacuer en toute sûreté la totalité des substances radioactives contenues dans l’installation et réhabiliter le site pour une nouvelle utilisation. L’ensemble de ce processus comprend des opérations techniques et des procédures administratives très strictes, notamment pour protéger les travailleurs et l’environnement.

Notre mission consiste à gérer ces opérations avec professionnalisme, comme nous l’avons toujours fait dans le passé, avec pour ambition de devenir une référence mondiale.

Déclassement

Tout comme la construction et l’exploitation, le déclassement fait partie du cycle de vie des centrales nucléaires. Il englobe toutes les mesures administratives et techniques prises depuis la décision de l’arrêt définitif jusqu’à la libération du site pour des nouvelles activités industrielles.

La Mise à l’Arrêt Définitif (MAD) se déroule sous couvert de la licence d’exploitation. Ensuite, l’autorisation de démantèlement doit être délivrée par l’AFCN pour couvrir le démantèlement. La démolition et l’assainissement des sols commencent une fois que les centrales sont libérées du contrôle nucléaire.

Le déclassement

Le déclassement

Mise a l'arrêt définitif du réacteur (MAD)

Le but de la mise à l'arrêt définitif est de préparer l'installation pour le démantèlement.

La mise à l’arrêt définitif de l’installation nucléaire (MAD) débute dès que le réacteur est définitivement à l’arrêt. Cette phase a pour but de retirer toutes les matières fissiles, produits dangereux et fluides des centrales. Les déchets produits pendant la MAD sont traités sur les sites nucléaires. Le combustible usé est quant à lui évacué progressivement vers les bâtiments d’entreposage temporaire (DE-SF² à Tihange et SCG-SF² à Doel).

Les activités de la MAD sont soumises à la licence d’exploitation existante et le cadre d’autorisation (rapport de sûreté et spécifications techniques) évolue avec l’état des installations. La planification de l’arrêt définitif est divisée en quatre activités qui s’étalent sur plusieurs années. À la fin de la MAD, le démantèlement peut commencer après obtention de l’autorisation délivrée par l’AFCN.

MAD en quatre étapes :

Phase 1Déchargement du réacteur et transfert du combustible nucléaire vers les piscines de désactivation
Phase 2Décontamination du circuit primaire
Phase 3Évacuation du combustible vers les bâtiments d’entreposage temporaires (DE-SF² à Tihange et SCG -SF² à Doel)
Phase 4Évacuation des filtres et des résines. Rinçage final des circuits, des piscines, évacuation des déchets, des effluents et des produits dangereux

MAD

Durant la MAD, nous devons transférer et évacuer tout le combustible des unités. Nous devrons alors maintenir certains systèmes de sûreté en fonction, c'est ce qu'on appelle l'îlot nucléaire.

Cette notion rassemble les circuits, systèmes et installations qui doivent encore rester en service pour remplir des fonctions fondamentales de sûreté : le refroidissement du combustible, le confinement des substances radioactives et la protection contre le rayonnement ionisant.

Durant les différentes phases de la mise à l’arrêt définitif, le statut de chaque poste technique sera indiqué sur l’équipement et dans nos référentiels, et est supervisé par l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN). Ce statut indiquera si le circuit remplit encore une fonction, de sûreté ou non, ou s’il est hors service. La terminologie exacte à utiliser sera déterminée en phase préparatoire de la MAD.

 

Démantèlement

Le démantèlement comprend sept phases dont le démontage de tous les équipements, nucléaires et non nucléaires.

Les phases de démantèlement

Cela passe notamment par des projets d’enlèvement de gros équipements tels que la cuve du réacteur, les générateurs de vapeur ou encore le bouclier biologique autour de la cuve.

Toutes les opérations de démantèlement sont soumises aux impératifs de sûreté définis par l’AFCN. En parallèle, ce processus de démantèlement induit une gestion des déchets qu’il faudra soit évacuer immédiatement, soit traiter sur les sites avant leur évacuation vers Belgoprocess.

Expérience européenne

La méthodologie suivie à Doel et à Tihange pour le déclassement des centrales provient des référentiels de l’AIEA ainsi que du retour d’expérience (REX) d’autres centrales déjà déclassées ou en cours de déconstruction.

Le retour d’expérience nous aide à déterminer les mesures à prendre lors des différentes phases du déclassement. Notamment pour le stockage temporaire et la manutention du combustible usé.

Cette démarche vise à assurer un arrêt sûr et à ajuster l’organisation.

L’expérience externe provient aussi du démantèlement du BR3 au CEN (Centre d’étude de l’énergie nucléaire) de Mol et des échanges avec d’autres centrales nucléaires qui sont/seront mises à l’arrêt (comme Obrigheim, Neckarwestheim, Mühleberg, Fessenheim, Ringhals, José Cabrera).

Déchets

Le déclassement d’une centrale nucléaire produit des déchets qui sont à 98% des déchets conventionnels (béton et métaux) qui seront au maximum recyclés et valorisés. Les déchets radioactifs résiduels seront, quant à eux, triés, traités et conditionnés avant d’être transportés vers des centres d’entreposage ou de stockage adaptés à leur nature.

 

Financement

Depuis 1975, des provisions financières sont constituées pour assurer les activités du démantèlement. Elles sont gérées par Synatom, sous le contrôle de la Commission des Provisions Nucléaires qui s’appuie sur les avis émis par l’ONDRAF.

Le 13 décembre 2023, ENGIE et le gouvernement belge ont signé un accord définissant les modalités de la prolongation des unités nucléaires Doel 4 et Tihange 3. Cet accord vise à assurer une répartition équilibrée des risques entre les deux parties et à éliminer les incertitudes concernant l'évolution future des dispositions relatives au traitement de l'ensemble des déchets nucléaires. A ce titre, il est convenu de fixer un montant forfaitaire pour les coûts futurs liés à la gestion des déchets nucléaires, sur base d'un nouveau scénario déterminé par l'ONDRAF, en ce qui concerne l'ensemble des installations nucléaires d'ENGIE en Belgique, pour un montant total de 15 milliards d'euros.

 

Opportunités économiques du démantèlement

Le démantèlement des centrales nucléaires présente certaines opportunités économiques pour les entreprises belges et internationales. Les 10 à 15 premières années suivant la mise à l’arrêt d’une centrale sont consacrées à diverses activités nucléaires spécifiques : retrait des composants radioactifs, traitement des matières radioactives et décontamination des structures. Ces activités seront réalisées par les équipes existantes des centrales nucléaires, avec le soutien d’entreprises nucléaires spécialisées. Dans l’intervalle, de nouvelles installations devront également être construites pour la gestion des matériaux. Viendra ensuite la démolition conventionnelle, dans le cadre de laquelle l’accent sera mis, dans la mesure du possible, sur la valorisation, l’upcycling et le recyclage des matériaux.

Le champ d’application d’un appel d’offres pour les vastes projets de démantèlement dépasse souvent les capacités d’une entreprise individuelle. L’expérience internationale du démantèlement d’autres centrales montre également que les projets sont généralement attribués à un consortium d’entreprises qui travaillent ensemble pour soumettre une offre qualitative et compétitive. Nous encourageons donc vivement les entreprises à évaluer dès aujourd’hui les possibilités de synergies en vue des opportunités à venir.

Lors de l’attribution des contrats, nous respectons la politique d’appel d’offres du groupe ENGIE.

Vous avez, en tant qu’entreprise, des questions spécifiques à ce sujet ? Vous souhaitez nous proposer vos compétences et votre expérience en matière de démantèlement ? Ou être invité aux prochaines sessions de communication pour les entreprises ? Contactez-nous via notre formulaire de contact.
 

 

Conclusion

Le déclassement des centrales nécessitera, comme pour l’exploitation, des professionnels du nucléaire désireux de s’investir dans des projets ambitieux, complexes et innovants. Inspirés par notre fierté et notre professionnalisme, nous gérerons ce nouveau défi industriel de manière sûre, responsable et professionnelle.